Kairouan Mai 2015. Il est sept heures du matin, il fait beau. Je monte dans le bus stationné avenue Mohamed V à Tunis, direction Kairouan, et nous démarrons. Je regarde par la fenêtre comme si je ne connaissais pas la route. C’est paradoxal, c’est comme si je vais découvrir Kairouan pour la première fois !
Comment faire pour avoir un regard photographique autre ? Nous passons une semaine en plein cœur de la médina de Kairouan.
Dans cette ville historique, je suis chez-moi. Je pensais bien la connaitre jusqu’à vivre cette expérience. Une ville sainte et saine. Les sons et les couleurs sont différents de ce qu’il en est dans la Capitale. L’appel à la prière est psalmodié avec un timbre tunisien ; les postes radio dans les souks chantent Oum Kalthoum. Je prends de petites séquences vidéo et plus de 800 clichés, des clichés typiques et authentiques, parce que pris sur le vif. Comment faire pour montrer Kairouan en quelques photos seulement ? Difficile.
De retour à Tunis, je visualise l’ensemble des photos. J’en choisis celles qui reflètent l’impact de Kairouan sur mes sens. Je les travaille numériquement en rosaces en donnant plusieurs directions à ses minarets, à ses coupoles. Mon interprétation est qu’il y a plusieurs directions, dans la religion de l’Islam, celles de la tolérance, de la paix, de la justice… Ainsi, également, sont pour moi les couleurs de Kairouan en noir et blanc.
mai 2015
J’ai gardé précieusement les photos de Kairouan en couleurs. On ne peut pas faire abstraction de la lumière et de la couleur de cette ville. Paul Klee n’avait-il pas dit en arrivant à Kairouan : « La couleur me possède ». Je les ai gardé en voulant faire un tissage numérique. Les possibilités sont infinies. Jai choisi donc pour cette exposition intitulée suite numérique, de montrer en plus, cette photo-installation très colorée. Tels des tapis, ces longs tissages sont un montage photographique, une image-illusion qui, à première vue, montre une composition abstraite dans un ordre rappelant les motifs traditionnels des tapis tunisiens et des kilims. En s’en approchant, on constate qu’il s’agit d’une multitude de photos représentant des espaces extérieurs, des éléments architecturaux, des artisans au travail, des espaces intérieurs, des scènes du quotidien kairouanais… C’est ma suite Kairouan.
Octobre 2018