Océan de Bab Jdid / Baba Aoussou
Pour l’événement d’Utopies Visuelles 3, événement d’Art Contemporain qui se déroule à Sousse en plein été de chaque année sous les UV du soleil, j’ai choisi d’intervenir sur un des murs de la ville, comme si, après une période de confinement, j’étais délivrée et libre de sortir hors les murs. J’avais envie de faire un grand dessin.
L’annexe du lycée de garçon de Sousse, situé au centre ville à Bab Jdid, est aujourd’hui malheureusement dans un état de délabrement total. Il tombe pratiquement en ruine. C’était pourtant un lieu d’éducation et de savoir pour une jeunesse qui a contribué à l’édification du pays. Il n’est plus à démontrer de nos jours que, lorsque l’éducation et la culture manquent, c’est l’obscurantisme et l’idée de fuir le pays avec tous les risques, qui prennent la place.
C’est pour ça que j’ai choisi de faire sortir le Dieu Océan (ou Océanos), représenté dans une mosaïque romaine exposée au Musée de Sousse, et dans lequel j’avais intervenue à UV.1, pour le reproduire sur le mur de l’annexe du Lycée en transformant les tesselles en pixels et les y peignant.
Le Titan Océan peint, sort sa tête de l’eau. Il cherche à éviter la noyade. Le niveau de l’eau est arrêté par les câbles installés sur le mur par la STEG, qui ne s’était pas souciée du côté esthétique. J’ai choisi de les exploiter en les camouflant à travers leur intégration dans cette œuvre pour en faire un canard (leur configuration s’y prêtait parfaitement), cherchant par là franchement à faire un clin d’œil humoristique à l’adresse du spectateur, mais aussi de la STEG.
Océan à Bab Jdid, ou comme l’ont appelé les passants « Baba Aoussou » est là pour attirer l’attention. Quand on passe à côté, il peut ne pas être visible de suite. Ce sont des carreaux en camaïeux de bleu qui le sont plus. Mais, dès qu’on l’appréhende en totalité, en reculant ou en prenant une photo, il apparaît, et c’est là l’utopie visuelle.
Mouna Jemal Siala
Juillet 2020