Les événements graves qui se sont produits ici et ailleurs (en Tunisie, en Lybie, en Syrie, au Yémen, au Mali, au Nigéria, en Iraq, en Palestine, etc.) m’ont personnellement interpelée, particulièrement parce que des hommes, jeunes et moins jeunes, y sont utilisés comme des bombes vivantes. Ces candidats aux Jihad, endoctrinés par des gourous sanguinaires, sont envoyés pour donner la mort dans les contrées de ces pays pour, soi-disant, porter la parole de Dieu ou pour réagir à une offense proférée contre une religion. Terroristes et victimes laissent derrière eux des mères meurtries, des peuples traumatisés, des villes dévastées. A chaque fois qu’un soldat est tué, je pense à la mère qui lui a donné la vie. A chaque fois qu’un adolescent part en Syrie pour le Jihad, je compatis au malheur de celle qui l’a mis au monde. A chaque fois qu’un enfant est tué, j’ai un pincement de cœur à l’endroit de celle qui l’a enfanté et élevé. Voilà pourquoi, et avec la complicité de mon fils, j’ai réalisé en 2015 la vidéo «Le fils» dans laquelle je raconte le malaise d’une mère devant ces évènements tragiques. « Le fils » est une vidéo réalisée à partir de photos du torse de mon fils. Elle raconte la peur d’une mère de perdre son fils, qu’il soit jeune, enfant, adulte, soldat, policier, ou même kamicaze. Des lignes se tracent sur son torse et son visage dans le sens vertical puis dans le sens horizontal comme pour l’enfermer dans un filet, ou dans une cage. Chaque ligne peut être l’image d’une plaie sur le corps comme une trace indélébile. Un traçage fin et régulier à l’image des tracés clairs de ceux qui font les lavages de cerveau des jeunes qui partent en Syrie. Après le quadrillage viennent au croisement se greffer des points poignants, car ils sont comme les traces d’une fusillade parties dans tous les sens. La multiplication des points jusqu’à la disparition de l’image dans le noir est la finalité obscure des cruautés en général et le risque de la mort en particulier.